Le mystère du vin de Pessa’h: Le Yayin HaMeshoumar

Traduit et adapté de James Scott Trimm

Le prophète Isaïe écrit :

Depuis les temps anciens, les hommes n’ont pas entendu, ni perçu par l’oreille, ni vu par l’œil

d’Elohim hormis toi, qui fît de telles choses pour ceux qui s’attendent à lui.

(Es. 64:3(4))

Il existe une baraïta sur ce verset qui apparaît deux fois dans le Talmud, une fois dans le Midrash Rabbah et quatre fois dans le Zohar.

Voici la baraïta telle qu’elle apparaît dans le Talmud :

Quelle est la signification de « L’œil n’a pas vu » (Es. 64:3)
Rabbi Joshua ben Levi a dit :
C’est le vin qui a été gardé
dans ses raisins depuis les six jours du commencement.
(b.Berakot 34b ; b.Sanhedrin 99a)

L’expression « vin qui a été gardé » en hébreu est Yayin HaMeshoumar « vin de conservation ». La tradition du Yayin HaMeshoumar est très ancrée dans le judaïsme traditionnel. Il s’agit du vin qui sera servi lors de la fête messianique, lorsque le Messie rétablira le royaume d’Israël sur terre.

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul cite également, ou plutôt paraphrase Es. 64:3(4) comme suit :

Mais comme il est écrit :
L’oeil n’a pas vu, et l’oreille n’a pas entendu,
et dans le cœur d’un fils de l’homme n’est pas entré
ce qu’Eloah a préparé pour ceux qui l’aiment.
(1Cor. 2:9 HRV)

Notez que la citation de Paul est influencée par la baraïta, car le texte actuel d’Esaïe dit que « l’œil n’a pas vu … un Elohim à part toi« , mais Paul dit « l’œil n’a pas vu … ce qu’Eloah a préparé pour ceux qui l’aiment ». Et la baraïta dit « L’œil n’a pas vu… le vin qui a été gardé… ».

Maintenant, regardons la citation de Paul dans son contexte :

Mais nous parlons de la sagesse d’Eloah
dans un mystère qui était caché
Et [que] Eloah avait auparavant séparé (prédestiné/préparé)
dès avant les siècles
, pour notre gloire.
Que pas une seule des autorités de ce monde n’a connu,
car si elles l’avaient su,
ils n’auraient pas crucifié l’Adon de gloire.
Mais comme il est écrit :
L’oeil n’a pas vu, et l’oreille n’a pas entendu,
et dans le cœur d’un fils de l’homme n’est pas entré
ce qu’Eloah a préparé pour ceux qui l’aiment.
(1Cor. 2:7-9 HRV)

Quand nous regardons le contexte de Paul, nous voyons une influence encore plus grande de la baraïta du Yayin HaMeshoumar « …un mystère qui était caché et qu’Eloah avait séparé depuis avant les siècles… l’œil n’a pas vu… ce qu’Eloah a préparé pour ceux qui L’aiment ».

Il est clair que Paul doit ici faire référence au Yayin HaMeshoumar car son auditoire est, sans aucun doute, familier avec cette baraita d’Isaïe 64:3(4).

C’est au Yayin HaMeshoumar que Yeshoua fait référence lorsque nous lisons :

Et ensuite il prit la coupe, et bénit,
et leur donna, en disant,
« Buvez-en tous,
car ceci est mon sang de la nouvelle alliance,
qui est versé pour la multitude, afin d’expier les pécheurs,
Et je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne,
jusqu’au jour où je le boirai à nouveau avec vous dans le royaume
de mon Père qui est dans les cieux
. »
(Mt. 26:27-29)

Le Yayin HaMeshoumar est le sang de la nouvelle alliance. Lors du Sédèr de Pessa’h, le vin représente le sang de l’agneau. Dans l’Apocalypse le Messie est l’agneau immolé « avant la fondation du monde » (Ap. 13:8), son sang est le vin conservé dans ses raisins depuis les six jours du commencement.

Dans l’évangile apocryphe de Thomas, ce passage est attribué à Yeshoua :

« Je te donnerai ce qu’aucun œil n’a vu
et ce qu’aucune oreille n’a entendu
et ce qu’aucune main n’a touché
et ce qui n’a jamais effleuré l’esprit de l’homme. »
(Évangile de Thomas 17)

Cette « sagesse » qui est « …dans le mystère qui était caché… dès avant les siècles… qu’Eloah a préparé pour ceux qui l’aiment. » (1Cor. 2:7-9) est aussi la « sagesse » qui « enlève la sagesse des sages » dans 1Cor. 1:19, qui fait référence à Esaïe 29:14 (la sagesse de ses sages périra, Et l’intelligence de ses hommes intelligents disparaîtra). Dans Esaïe 29, cette sagesse est contenue dans un livre scellé (Es. 29:11-12, 14, 18). Dans l’Apocalypse, ce livre est ouvert par « l’agneau comme immolé » (Ap 5,6), un agneau immolé « avant la fondation du monde ». (Ap. 13:8).

C’est le vin qui sera servi au « souper de noces de l’agneau » (Apoc. 19:7), le grand banquet messianique et le Sédèr de Pessa’h.

Dans 1Corinthiens, Paul évoque le Yayin HaMeshoumar au début de sa lettre car il parlera de ce vin tout au long de sa lettre. Dans 1Cor. 5, il discute du récent Sédèr de Pessa’h à Corinthe. Dans 1Cor. 11:23-34, il aborde la signification de Pessa’h et surtout le fait d’être digne de boire le vin qui est le Yayin HaMeshoumar.

Dans 1Cor. 15:54, il cite Esaïe 25:8, un passage d’Esaïe qui suit immédiatement la description du banquet messianique (v.6-7) :

6 Et sur cette montagne, YHWH des armées fera à tous les peuples un festin de viandes grasses, un festin de vins sur lie, de viandes grasses pleines de moelle, de vins sur lie bien affinés.
7 Et il détruira sur cette montagne la face de la couverture jetée sur tous les peuples, et le voile qui est étendu sur toutes les nations.
8 Il engloutira la mort dans la victoire, et Adonaï YHWH essuiera les larmes de tous les visages, et il ôtera de toute la terre les reproches de son peuple, car YHWH a parlé.

Notez que le Yayin HaMeshoumar est quelque chose que « depuis les temps anciens, les hommes n’ont pas entendu, ni perçu par l’oreille, ni vu par l’œil » (Es. 64:3(4)). Ailleurs dans Esaïe il est écrit :

Ainsi il aspergera de nombreuses nations, les rois fermeront leur bouche
à cause de lui, car ils verront ce qui ne leur avaitdepuis les temps anciens, les hommes n’ont pas entendu, ni perçu par l’oreille, ni vu par l’œil pas été dit
et ils comprendront ce qu’ils n’ont pas entendu
.
(Es. 52:15)

Ainsi, le chant du « serviteur souffrant » d’Isaïe 53 est le message que « l’œil n’a pas vu », c’est le Yayin HaMeshoumar.

Le Midrash Rabbah à Nombres 13:2 (500) dit :

Parce qu’il a porté son âme jusqu’à la mort (Es. 53:12)
et se sont meurtris avec la Torah qui est plus douce que le miel,
le Saint, béni soit-il, leur donnera à boire plus tard
du vin conservé dans ses raisins depuis les six jours dans le commencement….
(Midrash Rabbah à Nombres 13:2 (500))

Ainsi, Paul écrit :

Mais nous parlons de la sagesse d’Eloah
dans un mystère qui était caché
Et [qu’] Eloah avait auparavant séparé
dès avant les siècles pour notre gloire.
Que pas une seule des autorités de ce monde n’a connu,
car si elles l’avaient su,
ils n’auraient pas crucifié l’Adon de gloire.
Mais comme il est écrit :
L’œil n’a pas vu, et l’oreille n’a pas entendu,
et dans le cœur d’un fils de l’homme n’est pas entré
ce qu’Eloah a préparé pour ceux qui l’aiment.
(1Cor. 2:7-9 HRV)

Non seulement le Yayin HaMeshoumar est le sang du Messie, mais il est plus encore. Il est le « mystère » dont le sang du Messie n’est qu’une partie :

Le Zohar dit :

Le Tzadik (le Juste) est le Yesod (fondation) en Yah,
le mystère (SOD) qui est le vin qui a été gardé
dans ses raisins depuis les six jours du commencement.
(Zohar ; Roeh M’haimna sur Pinchas)

Il y a un lien clair ici car SOD (« mystère ») a une guématria (valeur numérique) de 70 qui est aussi la guématria de YAYIN (« vin »). Tout comme le Zohar identifie le « mystère » avec le Yayin HaMeshoumar, Paul fait de même dans 1Corinthiens.

En effet, Paul poursuit en identifiant le Yayin HaMeshoumar comme suit:

10 Mais Eloah nous l’a révélé par son esprit, car l’esprit pénètre tout, même les profondeurs d’Eloah.
11 Car qui est le fils de l’homme qui sait ce qu’il y a dans un fils de l’homme, si ce n’est l’esprit du fils de l’homme qui [est] en lui ? De même, ce qui est en Eloah, nul ne le sait, si ce n’est l’Esprit d’Eloah.
12 Or nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’esprit qui vient d’Eloah, afin que nous connaissions les dons qui nous ont été accordés par Eloah ;
13 desquels aussi nous parlons, non pas selon l’enseignement des mots de la sagesse des fils d’hommes, mais selon l’enseignement de l’esprit, et c’est à des hommes spirituels que nous comparons les choses spirituelles.
14 Car le fils de l’homme qui est dans la nefesh ne reçoit pas les choses spirituelles, car elles sont pour lui une folie, et il n’est pas capable de connaître ce qui est jugé spirituellement.
15 Or, l’homme spirituel juge de toutes choses, et n’est pas jugé par l’homme.
16 Car qui connaît la pensée de YHWH pour l’instruire ? (Es. 40:13) Mais nous, nous avons la pensée du Messie.
(1Cor. 2:10-16)

Paul identifie le Yayin HaMeshoumar avec les « paroles de sagesse » (2:13) ainsi qu’avec la « pensée de YHWH » ou la « pensée du Messie » (1Cor. 2:16) et avec les « dons » spirituels (1Cor. 2:10-16) qu’il développera plus loin dans la lettre (1Cor. 12-14).

Ainsi, la prochaine fois que vous prendrez part à la coupe de la rédemption lors du sédèr de Pessa’h, réalisez que cette coupe symbolise le Yayin HaMeshoumar, le vin qui a été conservé depuis les six jours du commencement, le sang de l’agneau immolé depuis la fondation qui a été caché, mis à part et préparé pour ceux qui l’aiment. Il ne s’agit pas seulement du sang de la nouvelle alliance, mais aussi de l’esprit de YHWH et des dons spirituels qu’il a préparé pour nous.

Nous remercions James Trimm pour son œuvre de restauration nazaréenne, et vous invitons à visiter son site anglophone www.nazarenespace.com et à le soutenir dans son œuvre.